L'ouate et la Braise

L'ouate et la Braise

L'ouate et la Braise
Longtemps, tu prendras les larmes de ta mère pour des éclats de rire. La nuit, le cœur suspendu, tu écouteras la maison respirer, partagé entre paix et tempête. Ton enfance se tissera entre ouate et braise, caresse et brûlure — un territoire fragile où le vertige et la douceur apprendront à cohabiter.

 

“Pendant longtemps tu confondras les larmes de ta mère avec ses rires. Seul dans ton lit, tard dans la nuit, tu te réveilleras d’un coup, les yeux grands ouverts, et tu fixeras le mur comme on fixe une mer prête à se déchaîner. Ton cœur va s’arrêter de battre pendant quelques secondes. Tu écouteras chaque son avec la plus grande attention. Immobile, tu attendras le verdict. Si c’est un fou rire qui éclate, tous tes muscles se rendront et tu retomberas dans le sommeil, emporté par le ralenti des buts marqués au mini-foot, images nettes et douces qui s’installent dans l’ombre de ta chambre. Si, par contre, le bruit ressemble plutôt à des sanglots, ton sang va se glacer et tu seras prêt à intervenir dans le champ de bataille que sera ta maison pendant de longues années. Ton sommeil deviendra hypervigilant. Tel un suricate à l’affût, tu auras constamment l’envie de protéger ta meute. C’est entre ces deux pôles - l’ouate et la braise - que ton enfance s’écrira. Entre la caresse et la brûlure, entre la tendresse qui apaise et l’angoisse qui consume, tu apprendras à survivre. Et peut-être que de ce mélange naîtra l’image la plus juste de ce que fut ton monde intérieur : un territoire fragile, fait à la fois de vertige et de douceur.”