Sarah, météorologue : la tête dans les nuages mais les pieds sur terre
Rencontre avec cette experte du Bureau du Temps de l’Institut Royal Météorologique autour de la question de l’égalité des genres en milieu professionnel.

D’où vous vient votre passion pour la météo ? Comment êtes-vous parvenue à en faire votre métier ?
Sarah Coppens : « C’est durant mon adolescence, lorsque je me suis mise à pratiquer le parapente, que j’ai commencé à éprouver un réel intérêt pour la météorologie. La température, le vent, l’humidité ambiante… Tous ces facteurs ont un impact sur l’environnement et la façon dont ils se combinent et interagissent détermine le temps qu’il va faire. Comme il n’existe aucune formation spécifique en Belgique pour devenir météorologue, j’ai étudié la géographie, une filière basée sur l’étude et l’analyse des phénomènes physiques terrestres qui permet, en outre, d’acquérir le bagage scientifique nécessaire pour pouvoir exercer ce métier. »
Quels sont les spécificités liées à cette profession ? Ses avantages mais aussi ses inconvénients ?
S.C. : « Tout d’abord, il y a la côté exaltant de l’analyse des données à partir desquelles nous établissons nos prévisions. Il faut prendre chaque paramètre en compte, choisir les bons modèles selon la situation qui n’est jamais la même d’un jour à l’autre et également être capable d’anticiper pour pouvoir prendre les bonnes décisions. C’est un challenge quotidien qui offre une réelle satisfaction lorsque les prévisions se confirment. Mais il faut aussi compter avec le volet opérationnel du métier, soumis à des échéances fixes et qui nécessite de savoir prendre des décisions sans forcément avoir tous les éléments en main. C’est donc un jeu d’équilibre permanent, et cela me plaît vraiment. Sinon, on travaille par cycles, en journée mais aussi la nuit, ce qui peut s’avérer difficile à combiner avec sa vie personnelle et familiale mais, personnellement, j’y trouve mon équilibre. Pour conclure, je dirais que c’est un métier passionnant et très varié, qui offre une bonne dose d’autonomie et de responsabilité mais qui requiert des connaissances scientifiques ainsi qu’un esprit critique et analytique développé. »
Contrairement à certaines idées reçues, la météorologie n’est donc pas uniquement réservée aux hommes…
S.C. : « Certainement pas ! C’était peut-être le cas avant mais aujourd’hui ça évolue et on y rencontre de plus en plus de femmes. Lorsque je suis arrivée à l’IRM en 2012, j’ai ainsi moi-même été la première femme météorologue du Bureau du Temps mais en 2019 ma collègue Jolien nous a rejoint et nous sommes à présent deux dans l’équipe. Même si tout n’est pas parfait et qu’il reste encore des choses à améliorer à ce niveau, la situation progresse constamment et on avance dans le bon sens. »
À l’inverse, pensez-vous que les femmes aient quelque chose de particulier à apporter dans ce domaine ?
S.C. : « En météorologie comme dans beaucoup d’autres domaines, presque tout repose sur l’expérience et l’analyse. Ce serait donc assez réducteur d’affirmer qu’il existe des différences selon que la prévision ait été faite par un homme ou une femme. Je pense qu’il faut ici plutôt voir les choses en termes de complémentarité, la sensibilité des uns et des autres permettant souvent d’apporter certaines nuances utiles pour offrir au public un bulletin plus complet et/ou en adéquation avec leurs attentes. Les hommes et les femmes ne sont pas si différents au final. Et ils se complètent très bien ! »
Déconstruire les stéréotypes pour oser aller vers ce qu’on aime vraiment
Le 11 juin, les classes de 5e et 6e primaire des écoles Les Carrefours et Claire-Joie ont pu rencontrer Sarah Coppens et lui poser des questions sur son parcours et son métier. Cette dernière n’était pas la seule puisqu’étaient aussi présents ce jour-là une peintre en bâtiment, une conductrice de tram, un homme sage-femme, une maraîchère ou encore deux joueuses de rugby. De quoi permettre à ces élèves de briser certains tabous et dépasser les croyances voulant que certaines carrières ou professions soient exclusivement réservées à certaines catégories de personnes, par exemple en fonction de leur origine, leur sexe, leur classe sociale, etc. « La société évolue et s’améliore à ce niveau. Mais il reste encore énormément de choses à faire en termes d’égalité sur le plan professionnel », indique Carole Geerinckx, responsable du service Egalité des genres et diversité de la commune, à l’initiative du projet « Égalité à tout âge » développé depuis 3 ans dans les écoles d’Etterbeek. « La rencontre avec ces professionnels présentant un profil plutôt atypique dans leur secteur au regard des conventions habituelles permet à ces jeunes de remettre en cause les dogmes établis pour au final s’autoriser à aller vers ce qui les attire et leur correspond vraiment », précise sa collègue Isabelle Schnack. Des rencontres à la fois riches et passionnantes qui, on l’espère, encourageront ces enfants à suivre leurs envies pour aller jusqu’au bout de leurs rêves !